L’un à l’est contre les Russes et l’autre à l’ouest contre les Français et les Anglais. La stratégie connue sous le nom de Plan Schlieffen vise à garantir une victoire rapide à l’ouest pour ensuite basculer les armées à l’est. Sur ce point, on comprend l’importance de la logistique, et notamment du chemin de fer.
A l’ouest, il est prévu d’envahir la France par la Belgique et le Luxembourg, par un pivot dont le centre logistique est Metz. Il faut donc protéger cette dernière par une ceinture de fortifications.
Le Fort WAGNER est projeté à cette époque, afin de protéger la vallée de la Seille. Cette mission doit être facilitée par une inondation défensive. Il verrouille ainsi tout le sud du front de Metz. Il peut cracher jusqu’à deux tonnes d’obus à la minute grâce à ses pièces de 5.3, 10 et même 15 cm.
Construit entre 1904 et 1910, le fort prend le nom de Feste Wagner, du nom de Julius Wagner, général allemand responsable de l’A.K.O. Le fort fait partie des ouvrages de deuxième génération, il a pu bénéficier des dernières innovations, autant dans le domaine de l’armement que des commodités de vie. Il bénéficie d’un luxe sans pareil pour l’époque : chauffage central, toilettes, four à pain, usine électrique, téléphone, eau courante… Le tout avec une solidité à tout épreuve grâce à l’utilisation nouvelle et massive du béton et de l’acier, et grâce à la création d’un véritable réseau de galeries souterraines, d’une très grande dispersion sur le terrain : plus de 40 ha !
Voir les fortifications de la place de Metz en 1914
En 1918, comme l’ensemble des forts de Metz, il est livré sans combat à l’armée française qui est époustouflée par le génie technologique et le luxe de ces ouvrages. L’armée française en tirera des enseignements qui lui seront très précieux lors de la construction de la future ligne Maginot.
La construction de cette dernière fait que, pendant l’Entre-Deux-Guerres, le fort sert de dépôt pour des pièces d’artillerie lourde sur voie ferrée.
Durant la seconde guerre mondiale, il sert successivement d’usine souterraine puis de base arrière à des unités allemandes qui luttent contre les Américains lors de la bataille de Metz en 1944.
Intérieur de la tourelle pour canon de 10cm
Après la 1945, le fort ne sera pas remilitarisé, mais simplement maintenu en l’état, puis malheureusement pillé dans les années 1970. En 1982, l’ADFM (Association pour la Découverte de la Fortification Messine) le prend en location à l’armée et, après avoir réalisé les aménagements nécessaires, l’ouvre à la visite.